La traduction du yiddish en France :
Histoire d’une pratique, mémoire d’un monde disparu
Malena Chinski*
Dans un article paru dans le quotidien bundiste Undzer shtime en novembre 1948, un journaliste signant sous le nom Henri Montmartre déplorait le fait que, contrairement à d’autres littératures étrangères accessibles en version française, la littérature yiddish ressemblait à « un parent pauvre »[1]. Sous ce pseudonyme, le futur chercheur et « militant acharné de la mémoire » Henri Minczeles (1926-2017)[2] affirmait que pour remédier à ce manque, les institutions culturelles juives devaient élaborer un plan de traductions en français des classiques du yiddish[3].
Son constat était juste. En nous appuyant sur une base de données de 176 traductions directes du yiddish publiées sous forme de livre en France depuis 1910, on constate en effet que moins de 5 % du chiffre total parurent au cours de la première moitié du XXe siècle (Tableau 1)[4].
Tableau 1. Traductions du yiddish publiées sous la forme de livre en France, 1910-2020
Si un « monde yiddish » surgit bien en France dès les années 1880 à partir des vagues migratoires de Juifs d’Europe orientale[5], la traduction du yiddish en tant que pratique intellectuelle et culturelle ne s’y développa guère, à l’exception de quelques pionniers comme Lupus Blumenfeld (1889-1932)[6] et Edmond Fleg (1874-1963)[7].
Débuts de la traduction dans l’après-guerre : les premiers traducteurs rescapés
Après la Deuxième Guerre mondiale, la vie culturelle en yiddish connaît une nouvelle expansion à Paris grâce à l’arrivée d’écrivains, artistes et activistes politiques et communautaires juifs venus d’Europe de l’Est[8]. Ceux-ci rejoignirent les yiddishophones ayant survécu à la Shoah sur le territoire français. Parmi ces milliers de rescapés se trouvaient une poignée d’individus de diverses origines, arrivés en France avant ou après la guerre, et pour lesquels la traduction constituait un aspect de leur activité intellectuelle, même s’il n’était pas central. D’où le nombre graduellement croissant de traductions publiées dans les années 1950 (7 titres) et surtout 1960 (18 titres). Ces initiatives ne participaient alors d’aucun programme culturel organisé, surgissant indépendamment les unes des autres grâce à l’initiative de ces intellectuels juifs d’origine est-européenne.
Il faut d’abord évoquer le cas exceptionnel de l’écrivain d’origine alsacienne Arnold Mandel (1913-1987)[9]. Né à Strasbourg au sein d’une famille venant de Galicie, il fit des études de germanistique à la Sorbonne. Pendant la guerre il s’enfuit d’abord en Afrique du Nord. S’étant engagé par la suite dans la Résistance à Toulouse, il dut passer en Suisse où il fut interné dans un camp de réfugiés. Auteur de nombreux ouvrages sur le judaïsme, il traduisit du yiddish quatre ouvrages, parmi lesquels Ghetto à l’Est. Vilnius, 1941-1943 (Paris, Robert Marin, 1950) du médecin et chercheur survivant du ghetto de Vilna, Marc Dvorjetski [Mark/Meir Dworzetski] (1908-1975), qui résida en France après la guerre jusqu’à son départ pour Israël en 1949[10]. Arnold Mandel fut ainsi un pionnier dans la traduction d’écrits sur la destruction, qui occupent une place centrale dans le corpus total des traductions du yiddish en France[11]. De sa plume parut aussi la traduction, préfacée par l’écrivain français Pierre Gascar, du récit Les Morts ne versent pas de larmes (Paris, Société des Éditions Modernes, 1964) du survivant galicien Yoysef Vaynberg [Joseph Weinberg] qui s’installa à Paris en 1947 après son retour des camps en Pologne.
De cette période se détache aussi la figure de l’éducateur et musicien Isaac Pougatch (1897-1988). Ce dernier avait déjà traduit, juste avant la guerre, le roman classique de Sholem Asch (1880-1957) Le Juif aux Psaumes (Paris, Flammarion, 1939), traduction faite en collaboration avec son épouse, l’écrivaine d’origine russe Juliette Pary (1903-1950)[12]. Né à Kiev, Pougatch s’installa à Paris au début des années 1930. Pendant les années noires, il s’occupa d’enfants réfugiés en Suisse ; après-guerre il se consacra à la formation d’éducateurs juifs[13]. En plus de son œuvre prolifique d’essayiste et de pédagogue, il publia une traduction de récits de Sholem-Aleykhem en collaboration avec l’écrivain d’origine lituanienne Joseph Gottfarstein (1903-1980)[14], ainsi qu’une version française du témoignage de Charles Goldstein (Khayim Itsl Goldshteyn), déporté de Paris à Auschwitz, puis envoyé par les nazis à Varsovie pour déblayer les ruines du ghetto. Là, il rejoignit l’insurrection de Varsovie, puis se réfugia dans une cave avec un groupe d’autres survivants juifs[15].
De leur côté, Esther Fridman[16] et son mari Joseph Fridman (1900-1980), un ingénieur juif polonais et dirigeant du Linke Poale Tsion (parti socialiste sioniste) qui survécut à la guerre en se cachant en France[17], réalisèrent au cours des années 1960 cinq traductions (en tandem et de manière séparée), toutes consacrées à l’œuvre de Mendel Mann (1916-1975), écrivain juif polonais qui avait combattu dans l’Armée rouge et qui s’installa à Paris en 1961 après avoir vécu quelques années en Israël[18].
Également d’origine polonaise, le poète Charles Dobzynski (1929-2014)[19] fit dans cette période ses premiers pas en tant que traducteur avec des œuvres de la poétesse d’origine lituanienne Dora Teitelbaum (1914-1992) qui avait quitté les États-Unis pour la France en 1950[20]. Caché pendant la guerre, Dobzynski prit part aux combats pour la libération de Paris. Il poursuivit ses études de manière autodidacte et devint poète en langue française, critique de cinéma, rédacteur-en-chef de la revue littéraire Europe et traducteur de plusieurs langues, tout en maintenant son militantisme politique communiste. Nous reviendrons sur son activité de traducteur qui continue jusque dans les années 2000.
Enfin, on trouve dans cette période les premières traductions de Rachel Ertel, qui va plus tard devenir une figure centrale dans l’enseignement universitaire de la littérature yiddish et dans la formation de traducteurs. Née en 1939 dans un village de la région de Grodno, elle survécut à la guerre en Sibérie avec sa mère, la poétesse Menuha Ram[21]. Après quelques années à Lodz, elles arrivèrent à Paris en 1948 avec l’écrivain Moshé Waldmann, père adoptif de Rachel Ertel, et s’installèrent dans le foyer d’artistes et d’intellectuels rescapés situé au 9 rue Guy-Patin[22]. Comme le couple Fridman, Ertel commença son activité de traductrice en travaillant sur un ouvrage de Mendel Mann[23]. De cette période date déjà son intérêt pour deux auteurs : l’écrivain soviétique Elye Chekhtman (1908-1996) dont elle traduisit une partie du roman épique Erev[24], et H. Leivick (1888-1962), l’un des plus importants poètes yiddish aux États-Unis, dont elle traduisit un recueil en collaboration avec son père adoptif Moshé Waldman, lui aussi poète[25].
En regardant l’ensemble des titres publiés dans cette période, on constate que, dans la plupart des cas, étaient traduits des auteurs encore en vie, dont quelques-uns résidaient à Paris ou y avaient séjourné en transit après-guerre. Ceci témoigne de deux choses : d’une part, de la richesse de la production littéraire en yiddish après la Shoah, quand cette langue était encore un important moyen de communication quotidien pour des millions de locuteurs à travers le monde ; et la présence d’un public réduit mais réel en France, intéressé par de nouvelles parutions yiddish. Une poignée d’intellectuels rescapés, tous nés en Europe orientale à l’exception d’Arnold Mandel, prirent l’initiative à titre individuel de rendre ces récents ouvrages au plus vite accessibles au lectorat français. Exploit d’autant plus considérable qu’il n’existait alors que peu d’outils lexicographiques yiddish-français.
Quelques-uns parmi ces rescapés continuèrent à traduire dans la décennie suivante, alors que s’accusait inexorablement le déclin du yiddish comme langue vernaculaire. Cela explique pourquoi le nombre de traductions publiées resta stable dans les années 1970 (20 titres), avant que ne surgisse une nouvelle génération de traducteurs. De cette période datent, parmi d’autres ouvrages, la somme de Charles Dobzynski Anthologie de la poésie yiddish. Le Miroir d’un peuple (Paris, Gallimard, 1971), rééditée plusieurs fois par la suite ; la traduction par Rachel Ertel des nouvelles du survivant de Lodz Isaïe Spiegel (1906-1990) Les Flammes de la Terre (Paris, Gallimard, 1973) ; et la version française proposée par Esther et Joseph Fridman de La Famille Machber (Paris, Jean-Claude Lattès, 2 volumes, 1974-1975), saga de Der Nister (1884-1950), victime des persécutions contre la culture yiddish en Union Soviétique.
Dans les années 1970 on ne trouve pas d’autres intellectuels ayant traduit du yiddish de manière fréquente : le « profil-type » du traducteur est alors plutôt celui d’une personne n’ayant traduit qu’un seul ouvrage, à l’exception du couple de survivants d’origine polonaise Marc (1920-1978) et Léa Rittel (1922-2002), qui traduisirent deux titres : le roman épistolaire de Sholem-Aleykhem Menahem-Mendel le rêveur (Paris, Albin Michel, 1975) et le témoignage La Flamme du Shabbath (Paris, Plon, 1978) de Josef Erlich (1908-1982).[26]
Enseignants et « disciples » : la formation de nouvelles générations de traducteurs
L’augmentation du nombre des traductions à partir des années 1980 (25 titres) et 1990 (26 titres), dans un contexte de délaissement du yiddish dans les milieux juifs partout dans le monde, fut liée à la convergence de deux facteurs fondamentaux : d’une part, le surgissement, dans les années 1970, d’un nouvel intérêt pour la culture juive dans les générations nées après-guerre ; d’autre part, la présence en France de professeurs capables d’enseigner la langue et la littérature yiddish à l’université. Ceux-ci purent dispenser des cours sur ces matières dans les programmes d’études minoritaires créés dans le sillage des réformes amenées par mai 68 et la revendication du « droit à la différence »[27].
L’introduction du yiddish à l’université fut d’abord rendue possible grâce aux efforts de Rachel Ertel. Celle-ci était devenue enseignante de yiddish à l’Institut des langues et cultures orientales (INALCO) en 1963 aux côtés d’Alexandre Derczansky (1924-2014), universitaire alsacien spécialiste de la sociologie des religions, mais le nombre d’étudiants demeurait des plus réduits.[28] Au début des années 1970, Ertel obtint un poste à l’Institut d’anglais de l’université Paris-VII, où elle réussit à créer des cours de yiddish au motif qu’il s’agissait de l’une des langues minoritaires parlées aux États-Unis.
Dans ses mémoires, Ertel indique que la plupart de ses étudiants à Paris-VII venaient de familles ayant perdu des proches dans la Shoah ; pour ces jeunes, le yiddish était « la langue des disparus qui flottait encore vaguement dans l’air sans être vraiment transmise »[29]. C’est dans cette université que surgit un groupe d’étudiants investis si assidument dans l’étude de la langue qu’ils purent eux-mêmes devenir plus tard des traducteurs et, dans certains cas, des enseignants.
Pour Rachel Ertel, l’enseignement du yiddish impliquait dès le début un ambitieux programme de traduction, pour lequel la formation de véritables « disciples » était nécessaire[30]. La traduction d’ouvrages en langues juives faisait également partie du programme du cercle Gaston Crémieux créé en 1967, entre autres par Richard Marienstras, pour qui le questionnement de la vie juive en diaspora était central ; Ertel a été l’un de ses membres fondateurs[31]. Néanmoins, le but d’Ertel n’était pas de faire « revivre » la culture est-européenne mais d’en préserver la mémoire en France. Et le principal moyen de faire communiquer ces deux mondes était la traduction[32]. La traduction du yiddish constituait donc à ses yeux un projet mémoriel : « On sait que la langue s’érode, qu’elle est en voie de disparition. On sait que personne ne retournera plus vers le texte pour le lire dans sa langue originale. On pense sans cesse que n’existera plus que la traduction. C’est en ce sens que traduire le yiddish, c’est faire en même temps un véritable travail de deuil ... Aucune autre langue ne se trouve dans cette situation. Aucune autre langue, sinon le yiddish, n’est sur le point de disparaître au moment même où l’on est en train de la traduire »[33]. Le fait que la langue yiddish porte les conséquences du génocide des Juifs d’Europe de l’Est fait en sorte que « l’acte de traduction se confond avec l’acte de témoignage, témoignage de l’Anéantissement des locuteurs et de leur langue »[34].
Le choix de traductions d’Ertel visait à changer l’image de la langue yiddish, toujours associée au folklore : « Ce que j’ai voulu faire, c’est introduire la modernité : la fin du XIXe siècle et le début du XXe. C’était l’époque des avant-gardes et des expérimentations dans tous les champs de la littérature occidentale. J’ai voulu montrer que le yiddish était une sorte de caisse de résonance de tous ces bouleversements, qu’il empruntait ce miel et le transformait en sa propre chair, par sa propre langue et par sa propre vision, ses propres images, ses propres métaphores. ... Tout comme les Juifs faisaient partie de l’histoire mondiale, la littérature yiddish faisait partie de l’histoire de la littérature universelle »[35].
Ce programme pédagogique, littéraire et mémoriel d’Ertel se concrétisa, surtout à partir de la fin des années 1980, dans un ensemble d’ouvrages appartenant à la collection « Domaine yiddish », même s’il ne s’agit pas d’une collection dans le sens classique du terme, les titres n’étant pas tous publiés par une seule maison d’édition. Ertel l’a d’ailleurs décrite comme une « collection diasporique » en raison du changement périodique d’éditeurs, causé par le manque de rentabilité inexorablement mis en avant par les uns et les autres[36].
Les traducteurs « apprentis » de Rachel Ertel eurent aussi la possibilité d’étudier avec Mordkhe Litvine (1903-1993), arrivé de Kovno en 1939 et revenu en France après avoir été emprisonné en Allemagne. Après avoir travaillé dans la presse yiddish communiste pendant quelques années, il devint guide touristique. Ayant pris sa retraite dans les années 1970, il se consacra à la traduction de la poésie française en yiddish et enseigna la traduction[37].
L’arrivée en 1979 du pédagogue, lexicographe et spécialiste de la littérature yiddish Yitskhok Niborski, né à Buenos Aires en 1947, transforma durablement le paysage yiddish parisien[38]. Lui-même étudiant à la fois de Litvine et de Rachel Ertel, il impulsa en 1981 la création de l’Association pour l’Étude et la Diffusion de la Culture Yiddish (AEDCY) présidée par Louisette Kahane-Dajezer (1931-2009) pendant 20 ans[39]. Niborski devint maître de conférences en yiddish à l’INALCO et bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Medem[40]. Quoiqu’il ait toujours eu une vision pessimiste quant à l’utilité de la traduction pour la sauvegarde du patrimoine yiddish – il a toujours préconisé l’apprentissage rigoureux et l’usage quotidien de la langue chez ses étudiants –, il n’en a pas moins joué un rôle des plus importants auprès des traducteurs en France. Niborski s’est ainsi toujours montré prêt à fournir des conseils sur le choix des textes à traduire en français, à assurer une supervision minutieuse des versions proposées et des paratextes scientifiques les accompagnant[41]. Par ailleurs, en publiant des dictionnaires bilingues, il a doté d’outils indispensables quiconque se lance dans une traduction.
Parmi les œuvres modernes yiddish traduites par cette nouvelle génération figurent les recueils collectifs emblématiques, Khaliastra/La Bande (Paris, Lachenal & Ritter, 1989) et Une maisonnette au bord de la Vistule : anthologie de la prose yiddish (Paris, Albin Michel, 1989), tous deux compilés par Rachel Ertel. C’est aussi à ce moment que plusieurs traducteurs et traductrices amenés à devenir prolifiques virent sortir leurs premiers ouvrages de manière indépendante ou collaborative : Delphine Bechtel, Carole Ksiazenicer, Jacques Mandelbaum, Jean Baumgarten, Nadia Déhan Rotschild, Bernard Vaisbrot, Gilles Rozier et Ariel Sion[42].
Leurs choix d’écrivains correspondaient souvent aux visées de Rachel Ertel : des auteurs modernes tels Lamed Shapiro (1878-1948), Israël Joshua Singer (1893-1944), Moïshe Kulbak (1896-1937), Esther Kreitman (1891-1954) ou Aaron Zeitlin (1898-1973). Mais de cette période datent aussi la traduction par Jean Baumgarten de l’ouvrage populaire du XVIe siècle Le Commentaire sur la Torah, Tseenah Ureenah (Paris, Verdier, 1987) de Jacob ben Isaac Ashkenazi de Janow (1550-1625), ainsi que celle de trois ouvrages de l’auteur classique Sholem-Aleykhem traduits par d’autres étudiants d’Ertel, Litvine et Niborski.[43]
Pourtant, les traductions des années 1980 et 1990 ne sont pas uniquement à mettre au compte des nouvelles générations. Rachel Ertel et Charles Dobzynski continuèrent leur activité. D’autres survivants de la Shoah se mirent à la traduction du yiddish, tels Aby Wieviorka (1921-1991)[44], réfugié en Suisse pendant la guerre et qui travailla souvent en tandem avec l’écrivain de langue française né après-guerre, Henri Raczymow. Ils traduisirent, parmi d’autres, le deuxième volume de la trilogie Trois villes de Sholem Asch, Varsovie (Paris, Belfond, 1987) et le roman Les Contrebandiers (Paris, Seuil, 1989) de l’écrivain juif polonais assassiné à Auschwitz Oser Warszawski (1898-1944).
D’autre part, Maurice Pfeffer (1926-2010)[45], qui avait survécu à la guerre en France et dont le yiddish était la langue maternelle, publia ses premières traductions d’ouvrages testimoniaux : C’était ainsi. 1939-1943 la vie dans le Ghetto de Varsovie (Austral, 1995) de Jonas Turkow (1898-1988) et Maïdanek (Paris, Honoré Champion, 1998) de Mordkhe Strigler (1918-1998). L’avocat belge Nathan Weinstock, né à Anvers en 1939 et réfugié en Angleterre pendant la guerre, retourna dans sa ville natale avec sa famille en 1946, où il fréquenta une école religieuse qui dispensait son enseignement en yiddish[46]. En collaboration avec son épouse, la psychothérapeute Micheline Weinstock, il publia en France le journal d’Hillel Seidman, « Du fond de l’abîme», journal du ghetto de Varsovie (Paris, Plon, 1998).
Finalement, Batia Baum[47], née à Paris sous l’Occupation et cachée à Lyon avec sa mère, est la plus jeune parmi les survivants devenus traducteurs. Ses premiers travaux sont parus dans les années 1990. Le parcours de Batia Baum est particulier car, si le yiddish était bien sa langue maternelle, les circonstances de la persécution nazie l’obligèrent à arrêter de la parler. Elle dut donc réapprendre la langue dans les années 1980 et devint enseignante et traductrice de manière plutôt autodidacte. Elle produira un vaste corpus d’ouvrages traduits dans les décennies suivantes et deviendra l’une des traductrices du yiddish les plus renommées en France, comme Rachel Ertel.
La traduction du yiddish au XXIe siècle
Les premières décennies du XXIe siècle ont vu se poursuivre le travail réalisé par un groupe limité de traducteurs déjà actifs auparavant. Notre base de données montre que parmi les 73 titres publiés entre 2000 et 2020, environ un tiers furent traduits par Rachel Ertel et Batia Baum.
Les traductions de cette dernière ne se limitent pas à un auteur ou à une période de la littérature. On lui doit la version française de grands ouvrages classiques de Mendele Moykher-Sforim La Haridelle (Paris, Bibliothèque Medem, 2008) et L’Anneau magique (Paris, Bibliothèque Medem, 2019), aussi bien que celle de la pièce expressionniste de Peretz La Nuit sur le vieux marché (Paris, Bibliothèque Medem, 2016). Parmi le grand nombre de textes plus contemporains qu’elle a traduits, on trouve des ouvrages centraux du corpus de ce qu’on appelle désormais les « écritures de la destruction » : Le Chant du peuple juif assassiné (Paris, Bibliothèque Medem, 2005) de Yitskhok Katzenelson (1886-1994) et Écrits I et II, Témoignage d’un Sonderkommando d’Auschwitz (Paris, Kimé, 2013) de Zalmen Gradowski (1910-1944), ainsi que le volume en prose Aquarium vert (Paris, Bibliothèque Medem, 2013) du survivant du ghetto de Vilna Avrom Sutzkever (1903-2010). En récompense de la qualité de son travail, Batia Baum reçut en 2017 le Grand Prix de la Traduction de la Société des Gens de Lettres.
Comme l’indiquent les exemples ci-dessus, la plupart des traductions de Batia Baum furent publiées par la Bibliothèque Medem[48], maison d’édition entièrement consacrée à la langue et à la littérature yiddish, adossée à la Maison de la culture yiddish qui a été créée en 2002 par la fusion de la Bibliothèque Medem et de l’Association pour l’étude et la diffusion de la culture yiddish.[49] Chaque publication de la Bibliothèque Medem, société à but non lucratif, est permise par une collecte de fonds ; ses livres ne sont pas vendus dans les librairies et ne peuvent être achetés directement qu’à la Maison de la culture yiddish, sur place ou en ligne. Ses capacités de publication étant limitées et le milieu éditorial commercial ne manifestant qu’un faible intérêt pour les œuvres écrites en yiddish, il n’est pas étonnant que de nombreuses traductions faites par Batia Baum restent encore inédites[50].
Parmi les récentes traductions les plus emblématiques de Rachel Ertel se trouvent le roman À pas aveugles de par le monde (Paris, Denoël, 2012) du survivant de Pologne Leïb Rochman (1918-1978), le vaste roman épique Erev, à la veille de… (Paris, Buchet-Chastel 2018) d’Elie Chekhtman (1908-1996) et le témoignage de H. Leivick (1888-1962) Dans les bagnes du tsar (Paris, Éditions de l’Antilope, 2019). Rachel Ertel vient de recevoir en 2020 le Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre longue de soixante ans.
Comme celui de Rachel Ertel et de Batia Baum, le corpus de traductions de Nathan Weinstock a augmenté de manière significative dans la période la plus récente ; parmi ses travaux publiés en France, sans doute le plus important est Oneg Shabbat. Journal du ghetto de Varsovie (Paris, Mémorial de la Shoah / Calmann-Lévy, 2017) d’Emanuel Ringelblum, traduit en collaboration avec l’historienne et réalisatrice Isabelle Rozenbaumas.
Deux nouveaux traducteurs appartenant néanmoins à la génération née avant-guerre se sont néanmoins signalés. Monique Charbonnel[51], née en France en 1937 dans une famille juive polonaise yiddishophone, fut cachée en Normandie pendant la guerre. Bien des années plus tard, elle participa à l’atelier de traduction mené par Batia Baum à la Maison de la culture yiddish. Entre les années 2010 et 2017 elle traduisit cinq œuvres d’Israël Joshua Singer. Jean Spector[52], aussi né en France en 1937 dans une famille immigrée de Pologne et réfugié en Suisse pendant la guerre, a étudié avec Rachel Ertel et Yitskhok Niborski. En 2015, il a publié la traduction du roman Juifs ordinaires (Paris, Classiques Garnier) de l’écrivain Yehoshue Perle assassiné dans le ghetto de Varsovie, et en 2020 le roman Étoiles vagabondes (Paris, Le Tripode Attila) de Sholem-Aleykhem.
Parmi les membres de la génération d’après-guerre les plus actifs en tant que traducteurs figurent Bernard Vaisbrot, qui a traduit plusieurs témoignages de la Shoah ; Nadia Déhan Rotschild, qui se consacre principalement à l’œuvre de Sholem Aleykhem ; et Gilles Rozier[53], qui a traduit en français deux livres d’Esther Kreitman et deux recueils de témoignages. Certains dans cette cohorte d’âge, comme Delphine Bechtel, Jacques Mandelbaum et Carole Ksiacenizer, ont suspendu leurs efforts dans ce domaine pour différentes raisons. Seuls nouveaux noms, ceux de deux traductrices nées dans les années 1950 : Isabelle Rozenbaumas, évoquée plus haut, à qui l’on doit, entre autres, la traduction du Journal 1943-1944 de Leïb Rochman (Paris, Mémorial de la Shoah / Calmann-Lévy, 2017), et Evelyne Grumberg, traductrice de la pièce de théâtre Weizmann II d’Aaron Zeitlin (Paris, Bibliothèque Medem, 2020).
Notre base de données permet d’observer l’émergence d’un renouveau générationnel à travers le travail de la spécialiste en littératures comparées, Fleur Kuhn-Kennedy. Sa version de la nouvelle de Hersh Dovid Nomberg « À qui la faute ? », sortie en 2020, est d’ailleurs la première traduction du yiddish en français publiée par la nouvelle maison d’édition Farlag, dirigée par Daniel Kennedy et Fleur Kuhn-Kennedy.[54]
Conclusion
Le corpus d’ouvrages traduits du yiddish en France au cours de plus d’un siècle fut principalement le résultat des efforts de deux groupes distincts : des survivants de la Shoah, et des personnes nées dans les deux générations de l’après-guerre et qui apprirent la langue surtout dans les années 1970 et 1980. Si dans le premier groupe la traduction du yiddish est surtout liée à la mémoire de la Shoah, la démarche des générations les plus jeunes est plus marquée par un intérêt spécifiquement littéraire.
Même si la quantité d’ouvrages traduits du yiddish en français reste limitée, la situation a changé de manière significative depuis le moment où Henri Minczeles déplorait l’absence presque totale de traductions. En effet, il existe désormais un corpus d’œuvres de la littérature yiddish disponible en français qui est bien plus vaste que la traduction du yiddish en maintes autres langues, et Paris reste toujours un centre de traduction du yiddish aujourd’hui. Le dynamisme de l’enseignement du yiddish au long des dernières décennies, et l’existence d’un certain nombre d’institutions qui le soutiennent, laissent espérer l’avènement de nouvelles générations de traducteurs et traductrices.
* Chercheuse post-doctorante de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (FMS) et correspondante au GRIHL à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).
[1] Hanri Monmartr, « Di yidishe literatur in der frants. iberzetsung », Undzer shtime, 29 novembre 1948, p. 4.
[2] Hazan, Kathy, « Henri Minczeles », Revue d’Histoire de la Shoah 207 (2), 2017, p. 448- 449. Minczeles survécut à la Shoah en France sous une fausse identité et participa à la Libération de Paris avec les jeunesses socialistes. Son père fut déporté à Auschwitz. Tout en étant actif au Cercle amical puis au Centre Medem-Arbeter Ring, il a publié plusieurs livres d’histoire juive et fut membre du comité de rédaction de la Revue d’Histoire de la Shoah.
[3] Monmartr, « Di yidishe literatur… », art. cité.
[4] Cet article présente les premiers résultats d’une recherche en cours sur l’histoire de la traduction du yiddish en France. Le point de départ pour notre étude a été la liste générale élaborée par la Bibliothèque Medem :
http://www.yiddishweb.com/traductions-du-yiddish-en-francais/ (consulté le 12 janvier 2020).
N’ont pas été inclues dans notre base de données : les traductions indirectes, les traductions pour des particuliers, les traductions sorties dans des revues littéraires, les traductions inédites, les traductions en français publiées dans d’autres pays, et les rééditions, la seule exception étant les deux volumes collectifs Royaumes juifs. Trésors de la littérature yiddish (Paris, Robert Laffont, 2008 et 2009), édités par Rachel Ertel, puisqu’il s’agit de rééditions augmentées et enrichies de plusieurs paratextes ; deux traductions inédites y furent ajoutées.
Nous voudrions remercier Simon Perego, Alan Astro et Constance Pâris de Bollardière pour leurs conseils et relectures ; Yitskhok Niborski pour les informations indispensables apportées au début de cette recherche ; enfin, les traducteurs et traductrices qui ont partagé leurs témoignages à travers des entretiens personnels avec l’auteure, ainsi que dans le cadre des séminaires ANR-LJtrad animés par Arnaud Bikard : Nadia Déhan Rotschild, Jean Spector, Bernard Vaisbrot, Jacques Mandelbaum, Evelyne Grumberg, Carole Ksiacenizer, Batia Baum et Gilles Rozier.
[5] Gilles Rozier, « Yiddish, le monde », dans Dictionnaire du judaïsme français depuis 1944, dir. par Jean Leselbaum et Antoine Spire, Paris/Lormont, Armand Colin/Le Bord de l’eau, 2013, p. 953.
[6] Né à Botosani en Roumanie, Blumenfeld s’installa à Paris en 1909, où il poursuivit des études à la Sorbonne. Il traduisit des pièces de théâtre du français au yiddish, lesquelles furent représentées à Paris. Voir : Leksikon fun der nayer yidisher literatur, dir. par Shmuel Niger, Yankev Shatzky et alii., vol. 1, New York, Congress for Jewish Culture, 1956, coll. 325. Avant la Deuxième Guerre mondiale, Blumenfeld publia une anthologie de récits traduits du yiddish en français (Anthologie des conteurs yiddish, Paris, Rieder, 1922) ainsi qu’une traduction de Sholem Asch (Le Soldat juif, Paris, La Renaissance du Livre, 1924).
[7] Né à Genève, Edmund Fleg était écrivain et philosophe. Il combattit dans la Première Guerre mondiale. Après la Deuxième Guerre mondiale, il devint une figure centrale des Colloques des intellectuels juifs de langue française. Voir : Sandrine, Szwarc, Les intellectuels juifs de 1945 à nos jours, Paris, Le bord de l’eau, 2013, p. 168-176. Edmond Fleg fut l’auteur de la première traduction en français de Sholem-Aleykhem (L’Histoire de Tévié, Paris, Rieder, 1925).
[8] Voir l’introduction et les contributions au dossier « Les migrations juives d’Europe centrale et orientale en France au lendemain de la Shoah », Archives juives. Revue d’histoire des Juifs de France 54 (1), à paraître (2021).
[9] Pierre Aubery, « Mandel, Arnold », dans Encyclopaedia Judaica, deuxième édition, dir. par Fred Skolnik et Michael Berenbaum, Detroit, Thomson Gale, 2007, vol. 13, p. 458.
[10] Sur Dworzetski, voir : Mark L. Smith, The Yiddish Historians and the Struggle for a Jewish History of the Holocaust, Detroit, Wayne State University Press, 2019. Le titre original était Yerusholaim delite in kamf un umkum [La Jérusalem de Lituanie dans les combats et la destruction] (Paris, Union populaire juive en France, 1948). La traduction de Mandel fut rééditée sous le titre La Victoire du Ghetto (Paris, Éditions France-Empire, 1962) avec l’inclusion du témoignage qu’apporta l’auteur au procès d’Adolf Eichmann en 1961.
[11] Voir Judith Lindenberg (dir.), Premiers savoirs de la Shoah, Paris, CNRS Éditions, 2017. De 1950 date aussi la traduction du témoignage du poète survivant Avrom Sutzkever (1903-2010) : Ghetto de Vilna, traduit par Charles Brenazin, Paris, Cooped., 1950. Aucune information biographique n’a pour le moment été trouvée sur ce traducteur, dont on ne connaît pas d’autres traductions.
[12] Juliette Pary était le nom de plume de Juliette Gourfinkel. La sœur de celle-ci, l’écrivaine russe Nina Gourfinkel (1898-1984), a aussi traduit du yiddish un seul ouvrage, la célèbre pièce d’An-ski Le Dibbouk, en collaboration avec Arié Mambush (Paris, L’Arche, 1957). Voir : Ruth Schatzman, « Nina Gourfïnkel (1898-1984) », Revue des études slaves, tome 63, fascicule 3, 1991, p. 705-710.
[13] Katy Hazan, Les Orphelins de la Shoah, les maisons de l’espoir (1944-1960), Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. 324-327.
[14] Sholem-Aleykhem, Le Tailleur ensorcelé et autres contes, Paris, Albin Michel, 1960. Gottfarstein arriva à Paris à la fin des années 1920. Réfugié en Suisse pendant l’Occupation avec son épouse et leur enfant, il rentra en France après la guerre et se consacra à la culture juive. Voir : Judith Friedlander, Vilna on the Seine. Jewish Intellectuals in France since 1968, New Haven and London, Yale University Press, 1990, p. 157-161.
[15] Charles Goldstein, Sept ans dans un bunker, Paris, Gallimard, 1967.
[16] Aucune information biographique n’a été trouvée la concernant.
[17] Khayim Leyb Fuks, « Fridman, Yoysef », dans Leksikon fun der nayer yidisher literatur, op. cit., vol. 7, coll. 477-478. Après la guerre, Fridman fut le co-fondateur et secrétaire de l’Association des écrivains et journalistes juifs (1946-1950), et fit paraître le journal mensuel Yidish (1948-1950). Il traduisit du français au yiddish un roman d’Émile Zola.
[18] M. Y. [Mortkhe Yofe], « Man, Mendl », Leksikon fun der nayer yidisher literatur, op. cit., vol. 4, coll. 431-434.
[19] Jean-Baptiste Para, « Les horizons de la mémoire », préface de Charles Dobzynski, Je est un Juif, roman, Paris, Gallimard, 2017, p. 7-15.
[20] Berl Kagan, Leksikon fun yidish-shraybers, New York (sans maison d’édition), 1986, coll. 281-282.
[21] Sur la vie et l’œuvre de Rachel Ertel, voir de celle-ci Mémoire du yiddish : Transmettre une langue assassinée. Entretiens avec Stéphane Bou, Paris, Albin Michel, 2019.
[22] Rachel Ertel a évoqué ses premières années en France dans « Les fantômes du 9 rue Guy Patin. (En souvenirs) », Les Temps Modernes 686 (5), 2015, p. 21-54 ; voir aussi Mémoire du yiddish, op. cit., p. 63-89. Sur la période yiddish de l’immeuble du 9 rue Guy-Patin, voir : Malena Chinski et Constance Pâris de Bollardière, « Un foyer artistique et intellectuel yiddish pour migrants rescapés, le 9 rue Guy-Patin (1947-1950) », Archives juives. Revue d’histoire des Juifs de France 54 (1), à paraître (2021).
[23] Mendel Mann, Sur la Vistule, Paris, Calmann-Lévy, 1962.
[24] Elie Chekhtman, À la Veille de…, Paris, Editeurs Français Réunis, 1964 ; Ertel finira la traduction de tout le roman plusieurs décennies plus tard (voir la troisième section).
[25] H. Leivick, H. Leivick, poète yiddish, Paris, Gopa, 1967. Voir la traduction la plus récente de H. Leivick réalisée par Rachel Ertel dans la troisième section.
[26] Ces traductions furent commandées par les maisons d’éditions, comme nous l’a dit leur fille Régine Waintrater, que nous remercions.
[27] Gilles Rozier, « Yiddish, le monde», art. cité, p. 956-957 ; Judith Friedlander, op. cit., p. 61. Comme le rappelle Ertel, la visibilité croissante de la Shoah dans l’espace public français dans les années 1970 contribua aussi à faire grandir l’intérêt pour la langue yiddish (Mémoire du yiddish, op. cit., p. 169).
[28] Rachel Ertel, Mémoire du yiddish, op. cit., p. 160. Derczansky devint plus tard chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Sur sa trajectoire, voir Judith Friedlander, op. cit., p. 192-194.
[29] Rachel Ertel, Mémoire du yiddish, op. cit., p. 163-164.
[30] Jean Baumgarten, « Yiddish in France : A Conversation with Rachel Ertel », traduit par Alan Astro, Shofar 14 (4), 1996.
[31] Judith Friedlander, op. cit., p. 40, 51.
[32] Judith Friedlander, op. cit., p. 62.
[33] Ertel, Mémoire du yiddish, op. cit., p. 175 (souligné dans l’original).
[34] Rachel Ertel, « Une littérature sans frontières », dans Royaumes Juifs. Trésors de la littérature yiddish, Vol. I, édité par Rachel Ertel, Robert Laffont Bouquins, Paris, 2008, p. CI.
[35] Rachel Ertel, Mémoire du yiddish, op. cit., p. 182-183.
[36] Ibid., p. 182. En accord avec ce principe d’universalité, aucune maison d’édition de cette collection n’est liée à des institutions juives.
[37] Sur Litvine, voir Judith Friedlander, op. cit., p. 62, 65-79.
[38] https://www.yiddishweb.com/animateurs/yitskhok-niborski/ (consulté le 12 janvier 2021).
[39] Judith Friedlander, op. cit., p. 52. Pour le détails des activités de l’AEDCY, voir Louisette Kahane,. « Le yiddish en France de l’après-guerre à nos jours », La Rassegna Mensile Di Israel, 3e série, 62 (1/2), 1996, p. 447.
[40] La Bibliothèque Medem fut fondée en 1929 par Kive Vaisbrot au sein de l’organisation bundiste Arbeter-ring. Elle quitta les locaux de cette organisation en 2001 et devint adossée à la Maison de la Culture Yiddish. Voir : Judith Friedlander, op. cit., p. 189 ; Constance Pâris de Bollardière, « Bund », dans Dictionnaire du Judaïsme français depuis 1944, op. cit., p. 128 ; Alan Astro, Autour du yiddish de Paris à Buenos Aires, Paris, Classiques Gallimard, à paraître.
[41] Entretien de l’auteure avec Yitskhok Niborski, 17 juin 2019.
[42] Toutes les personnes nommées sont nées entre 1946 et 1963, Gilles Rozier étant le plus jeune du groupe. Les motivations et visions personnelles autour de la traduction de la part de la nouvelle génération reste à explorer.
[43] Sholem-Aleykhem, Contes ferroviaires, traduit par Nadia Déhan Rotschild, Louisette Kahane-Dajczer, Jacques Mandelbaum, Mathilde Mann et Viviane Siman, Paris, Liana Levi/Scribe, 1991 ; La Peste Soit de l’Amérique, traduit par Nadia Déhan Rotschild, Paris, Liana Levi/Scribe, 1992 ; Gens de Kasrilevkè, traduit par Jacques Mandelbaum, Paris, Julliard, 1993.
[44] Annette Wieviorka, L’heure d’exactitude. Histoire, mémoire, témoignage, Paris, Albin Michel, 2011, p. 19.
[45] Georges Bensoussan, « Hommage à Maurice Pfeffer (1926-2010) », Revue d’Histoire de la Shoah 193 (2), 2010, p. 177-178.
[46] Nous remercions Meïr Waintrater pour ces détails biographiques.
[47] Entretien de Max Kohn avec Batia Baum dans SBS Radio – Yiddish, Melbourne, Australie, 11 mars 2010 (en yiddish). Transcrit et traduit au français par Erez Levy : https://www.maxkohn.com/interviews-yiddish-13/ (consulté le 12 janvier 2020) ; Corinna Gepner, « Une langue de l’entre-deux. Portrait de Batia Baum », dans « Traduire le Yiddish », dossier préparé par Corinna Gepner, Translittérature 43, été 2012, p. 50-53.
[48] https://editions.yiddish.paris/editions/ (consulté le 10 janvier 2021).
[49] Site de la Maison de la culture yiddish : http://www.yiddishweb.com/ (consulté le 10 janvier 2021).
[50] Communication personnelle de Batia Baum à l’auteure, janvier 2021.
[51] Gepner, Corinna, « Monique Charbonnel traductrice du yiddish : Entretien mené par Corinna Gepner », Translittérature 50, automne 2016, p. 167-175.
[52] https://www.yiddishweb.com/animateurs/jean-spector/ (consulté le 12 janvier 2020).
[53] Ancien directeur de la Maison de la Culture Yiddish, Gilles Rozier est co-directeur des Éditions de l’Antilope, lesquelles ont publié depuis 2016 huit volumes de littérature yiddish, le dernier étant un recueil de récits d’Yitskhok-Leybush Peretz traduits par Batia Baum, Histoires des temps passés et à venir (2020).
[54] https://www.farlag.com/books (consulté le 26 janvier 2021).